L’EVOLUTION DE LA LANDE

 

1-La situation au XVIII° siècle.

 

 

----------------------- Les cartes de Masse (1708) [1]------------------------------------/----------------------Belleyme (1791)[2]  -------------------------------/------------Clavaux (1774)[3] -----------                                                                                                         


illustrent parfaitement ce qu’était le pays de Buch au XVIII° siècle : sur la côte des « dunes de sables blancs » qui menaçaient l’arrière pays, à l’intérieur, la lande parsemée de quelques petits bois et deux massifs forestiers : les « montagnes » de Salles et de La Teste.

Cette lande représente ¾ du territoire d’Andernos et d’Ignac, les 2/3 du domaine de Certes, la moitié des paroisses de Lège, Biganos, Le Teich et Gujan, 1/3 du territoire de La Teste et de Lanton, et 3/6 de celui d’Andernos4



En ce qui concerne les forêts, de Lège à Lamothe, d’une part, du Teich à La Teste d’autre part s’échelonnent de petits massifs isolés qui se développent en général le long des cours d’eau, ruisseaux, crastes et berles qui drainent la lande et se jettent dans le bassin. L’enquête réalisée en 1805/1806 permet d’en avoir une idée précise[5]

, tandis que les relevés des  Cassini[6] qui furent effectués de 1759 à 1789, repris ensuite dans la carte de Belleyme (1791) permettent d’en connaître les noms :

Lacanau :

Outre la montagne de Lacanau à l’ouest du lac, dont

Claude Masse en 1708 disait qu’elle « étoit autrefois

 beaucoup plus grande qu’elle n’est à présent, et

qu’elle se joignoit aux bois qui sont au nord et au

sud », il y a quelques petits massifs sur la rive est,

 proches  du bourg,  entre Lacanau et Talaris, et trois

 au sud, (Semignan, Chauconos et Mistres) auxquels

 il faut ajouter dans la lande ceux de Narsot, de Méjos     Claude Masse, Montagne

 et de Méogas.                                                                           de Lacanau

                                                                   

Saumos, quelques bosquets dans les quartiers du grand et du petit Courgas

 

-au Porge où la famille de Verthamon[7] possédait, en 1792, 5000 journaux de landes et pins, existent deux petits massifs forestiers : l’un est au nord de Lauros, le long de la craste du Placeou, l’autre entre l’axe Maisonneuve – Las Vignas et le Porge, est situé dans la lande déjà drainée par des ruisseaux parallèles qui s’écoulent vers l’ouest à partir d’un grand ruisseau d’écoulement. Celui-ci décrit un arc de cercle du Pas de bouc jusqu’à l’étang de Batourtat en passant à l’est des hameaux de Lauros, Larruau, Villeneuve et Lascarran. Plus à l’est se trouve le bois de Mauluguat

- à Lège, 7 journaux de  «bois et mauvais taillis » (soit 2 hectares en prenant la valeur du journal local qui était de 28 ares 62 centiares) au sud de l’église ainsi que 12 journaux (=3,43 hectares) de « bois rabougris,  une partie de l’année dans l’eau » sont possédés par la famille de Verthamon.

-dans l’ensemble formé par les futures communes d’Arès et d’Andernos, les forêts produisaient en 1784, 17 milliers de résine soit 8,5 tonnes, et il existait 700 journaux (223 hectares) de semis non encore en production. En l’an 14 on y dénombre aussi une garenne[8] de 90 journaux de pins et de chênes (28,7 hectares)  face au château des Belcier[9] seigneurs d’Arès.

Il y a surtout les 400 journaux (127 hectares)  des pignadas de la « Montagne » qui séparent, le long de la grande berle ou ruisseau d’Arpech, les deux quartiers d’Arès et d’Andernos. Ces pins ont été semés au XVII° siècle par le seigneur Pierre Laville (disparu en 1693) puis concédés en 1702, aux habitants pour leurs usages, par  son fils  Jean baptiste Laville[10]. Le créateur de cette  forêt usagère est donc un des précurseurs de la création de la forêt landaise.

Cette Montagne se prolonge, plus en amont, par le bois d’Arpech (estimé à 20 hectares en 1849) lui aussi sur le Cirès. A l’intérieur, de petits bosquets dont ceux de la Saugeouse (la Saussouze), de Born et de Pichoury qui rompent la monotonie de la lande.

 

-en continuant vers Lanton, se trouvaient, sur les bords du bassin, deux autres petits bois : l’un entre les ruisseaux du Cirès et de Comte, l’autre au sud du Broustey. Puis, dans la seigneurie de Certes[11]  les 90 journaux du bois de Taussat (22,75 hectares), le long du ruisseau de Cassis, et le bois du Renet, au bord du ruisseau du même nom. Ce dernier était un pinhadar de 24 journaux (6,8 hectares) déjà gemmé en 1767, auquel était adjoint « un petit bois » dont on peut estimer, vu l’imprécision, qu’il était de chênes.

Audenge, une garenne de bois taillis de 395 journaux (113 hectares), au Pas du Rey, au nord du château de Certes, entre les ruisseaux de Lanton et du Pausaduy. En l’an 10, elle est signalée comme « forêt de pins ». Un peu plus à l’intérieur au Pas Simmonet, un pinhadar et deux autres bois encore, l’un sur la berle d’Audenge, au sud-ouest de Saint Yves, l’autre au Vignaud, sur le ruisseau de Paillasse.

Au milieu de la lande, de petits bosquets isolés comme celui du Gua (2,5 hectares) sur le ruisseau d’Aiguemorte, du Pradeau blanc, du Pujeau (1,7 ha) ,de la Harpe (3.43 ha), de Ménian  (2,5 ha) et de Rave (2,80 ha) ainsi que deux bois plus importants, celui de Cassi à Lanton (25,7 ha) et de Lubec (137 ha). Dans son rapport sur les forêts en 1809, Guyet Laprade, conservateur des forêts, estimera les forêts de Cassy, Lanton et Lubec à respectivement 50 ha de chênes, 500 ha  dont 148 en taillis de chênes et 50 ha.de pins[12].

-en poursuivant sur Biganos, on rencontrait trois bois sur le Tagon, l’un à l’embouchure, les deux autres au sud de Caubet  et à La broustouze.

 Ce dernier dépendait du Prieuré de Comprian[13]

Celui-ci possédait aussi 7 hectares de pins, à l’est de Facture entre  le ruisseau du Lacanau et la route de Bordeaux ainsi que deux bosquets au Peyrat (le houn de la Peyre ?) et au Plumet ( ?).

La Leyre était bordée par les 250 journaux   (71 ha) des bois de Lamothe, souvent inondés qui dépendaient du seigneur de certes. En 1809, l’ensemble de ces futaies et taillis de chênes est estimé à 100 hectares, puis au Teich, c’était le bois de Ruat, près du château, une garenne de jeunes chênes, et, au nord-ouest du Bouscau, un petit pinhadar.

 

En remontant la Leyre, à Mios, on peut d’après les cartes trouver deux îlots forestiers : l’un essentiellement planté de chênes entre Saint Brice, Arnauton et Coisset, il est limité par le ruisseau de la Sagenne et par la Leyre ; l’autre sur la rive gauche entre Arnauton, Cazes et Basse cour. L’enquête de l’an 4 estime la forêt à 1100 journaux de chênes et 100 de pins soit 18,2% du territoire. La population comptait 66 charbonniers qui d’après l’abbé Baurein (1786) envoyaient le charbon de bois vers Bordeaux, mais devaient en garder une partie pour alimenter les 7 forgerons locaux.

 

A Salles, on trouve deux ensembles forestiers : sur la rive droite, un pinhadar qui, vers le sud-est, rejoint le bourg et, vers l’est, la route Salles-Argilas ; sur la rive gauche la masse importante de la Montagne de Salles, limitée à l’ouest par les hameaux de Grollet et Caplanne, au sud par ceux de Bilos et du Lanot, au sud-est par l’église du Vieux Lugos. Elle avoisine les 500 hectares partagée entre la Seigneurie de Salles (65%) et la Baronnie de Lugos (35%)

Au sud du bassin, dans la lande, s’étendaient les grandes parcelles géométriques de la forêt de Nezer[14]  (575 ha) et plus loin, à Gujan, les trois forêts de pins de Mestras (228 ha), La Ruade et Meyran, auxquelles il convient d’ajouter les 12 hectares du domaine de Verdalle, à la Hume, propriété des Verthamon.

 

Enfin à l’est du bourg de La Teste, le bois de Bordes et au sud les deux bois de Notre Dame des Monts et de la Seuve qui sont les derniers  bois avant les deux « montagnes usagères » de La Teste (4000 hectares),

 forêt sur dunes anciennes la plus importante de la région[15], et d’Arcachon qui en a été séparée à partir du XVI° siècle par des dunes mobiles

        

                                                                                                                                                  Les forêts qui entourent La Teste en 1781.   (Carte de Charlevoix de Villers)

                                           

                                                                                                                                             

Des pins et des chênes donc, plus de pins que de chênes d’ailleurs d’après l’enquête faite auprès des maires le  1 germinal an 7[16]. Elle ne concerne malheureusement que les communes de la rive est du bassin et ses données ne sont pas entièrement fiables à cause de la mesure utilisée, le journal. Il valait 28 ares 62 centiares à Lège, Biganos et Gujan et donc vraisemblablement au Teich, mais 31 ares 90 à Andernos (mesure de Castelnau), 23 ares 29 à Salles et Mios et 31 ares 92, mesure de Bordeaux, ailleurs ! Il faut donc en tenir compte pour les conversions en hectares. De plus ces chiffres sont parfois sous estimés par rapport à ceux dont nous disposions pour les périodes antérieures.

 

Commune                    Pins                                Chênes                                  % du territoire

Le Teich                     515,16                               400[17]                                              -

Mios                             28,29                               232,90                                          -

Lège                               7,15                                   0                                            5

Ares-Andernos             31,90                                   0                                            3,80

Lanton                          57,24                                 57,24                                       4,20

Audenge                     114,48                                   0                                           17,20

Biganos                       372,06                                  6,01                                      20,60

Le Porge[18]                   607                                                                                     3,22

 

Pour les communes du sud, il faut utiliser une autre enquête plus tardive de 1827[19]

.Mais les chiffres peuvent varier selon la conversion en arpents de Paris, souvent utilisé dans les premiers cadastres (34,19 ares- pour les communes de Gujan et Biganos) ou en  à Andernos et 1 à Lanton arpents des Eaux et Forêts (51,70 ares). Ce qui serait logique puisque dans le premiers cas nous aurions moins de forêts qu’auparavant.

 

 

 

 

La Teste    enquête du 16.06.1827            pins           918 hectares (semis sur dunes)

                                                                                    + 4194 (forêt usagère)

Gujan             «            25.06.1827            pins           225 ha. dont 7 de taillis

Biganos          «            15.06.1825            pins           334 ha.

Lège               «                      1827                                 ?

Mios               «            31.07.1827            pins           524 ha. + 2167 de taillis + 35 de futaie

Salles         pas d’estimation pour les pignadas, taillis et haute futaie.

                   Selon Fernand Labatut, les pins et chênes de la montagne couvraient 3000 ha.

Beliet                                  ?                      bois            1000 ha.

Belin              «             21.07.1827            bois              800 à 1100 ha.

 

C’est d’ailleurs à La Teste, avec la Grande Montagne  que les emplois forestiers sont les plus nombreux : 16% des métiers masculins (95 résiniers et 4 scieurs de long) et 6,3 % des emplois féminins (8 résinières) sans compter les emplois induits. Ailleurs on ne compte que quelques résiniers à Gujan (1), Lanton(1) et Andernos (3) et deux scieurs de long à Gujan et Mios tandis que les charbonniers nombreux à Mios (10)[20] sont rares ailleurs (1 à Lanton).

Si les bosquets de chênes et de pins situés le long des cours d’eau étaient souvent des massifs naturels, nombre d’autres forêts sont issues de plantations :

-la « montagne » d’Arès semée, on l’a dit, par Pierre Laville au XVII° siècle,

-la forêt du Ponneau, à Facture, par le marquis de Civrac vers 1768/69.

- le bois de Lubec estimé à 137 hectares en 1783 en compte 500 en 1809 dont 148 ha. De taillis de chênes. Même si le chiffre de 1783 ne concernait  que les pins l’augmentation représenterait  215 hectares.

- quand Marie de Caupos, épouse de M.de Verthamon, vend, en 1806, sa baronnie d’Andernos[21], elle compte « plusieurs pièces en production de la valeur d’environ 600 hectares » alors qu’en additionnant les semis de 1784 et les forêts de l’an 7, on arriverait à 254 hectares.

-en sens inverse, Daleau en 1804, indique que « le pignadar de Gujan fort de 800 journaux (228 ha.) a été détruit par la lissence de quelques individus dans les temps affreux de la Terreur » et qu’il n’y a plus, à Gujan, que 179 hectares de « jeunes pins », ce qui prouve que des plantations ont été effectuées.

On peut cependant s’étonner que les forêts n’aient pas été plus étendues

Le sol, plus ou moins marécageux à cause de la présence discontinue de l’alios, avait besoin d’être assaini mais les cartes, en particulier celles de Cassini, témoignent de la rareté des canaux de drainage.

Il y en avait cependant à La Teste où la craste baneyre qui longe la vieille Montagne, large au XVIII° siècle 8  pieds, (avant que Nezer ne la fasse porter à 18 et 20) était entretenue par la communauté des habitants. Elle se prolongeait jusqu’au bassin par la craste de La Hume, tandis que la grande craste commune au sud de Gujan et du Teich, rejoignait la Leyre.

Il y en avait surtout un réseau assez dense dans le quadrilatère limité par les paroisses de Sainte Hélène, Lacanau, Saumos et Le Porge. En 1780, le curé du Porge parle de ces « fossés » dont les propriétaires des terres traversées doivent payer le « récurrement[22] »

Mais ailleurs, seuls les ruisseaux naturels drainent ces immenses territoires.

Plus tard, au XIX° siècle, le baron d’Haussez, Crouzet et Chambrelent agiront pour systématiser ces traditions déjà anciennes dont Desbiey avait déjà préconisé le développement en 1776[23].

 

2. LE STATUT JURIDIQUE, OBSTACLE AUX PLANTATIONS

 

Mais la véritable raison de cette situation, c’est le statut juridique de ces terrains de landes non cultivées, vouées au pâturage, qu’on appelait les padouens et vacants Ils étaient en effet soumis à des droits d’usage au profit des habitants, ces « libertés » dont les cahiers de doléances en 1789 exigeront le maintien.

En 1506, le 30 juin, le seigneur Jean Durfort de Duras avait confirmé aux habitants leurs droits antérieurs sur les vacants d’Andernos et Arès : droits de pacage, d’ajoncs, de bruc (la bruyère) et d’apiés (les ruchers). Renouvelés en 1619 par Gabriel Dalesme puis en 1702 par Jean Baptiste de Laville, ils étaient toujours en vigueur en 1792 et concernaient 40000 journaux de landes (12760 ha.) propriété de Belcier, auxquels il faut ajouter les 1950 journaux (622 ha.) propriété de la communauté d’Andernos. Ces droits avaient souvent une contrepartie, ainsi à Arès en, 1730, le padouentage était accordé contre une taxe de 4 livres par centaine de chèvres ou de brebis[24].

 

En 1550,le 23 mai, dans le Captalat de Buch , Frédéric de Foix reconnaît le droits des « manants et habitants sur tout ce qui est accoutumé être tenu en padouens et vacants esdites paroisses de La Teste, Gujan et Cazaux ».Ces droits , dont il était déjà question en 1500 consistaient essentiellement en «  herbatge[25]».Ils concernaient, au moment de la Révolution, près de 22000 journaux soit 7029 hectares car il y avait, en plus des landes, « les vacants », c'est-à-dire les dunes et les prés salés.

En ce qui concernait plus précisément les lettes, vallées humides entre les dunes, le Captal de Ruat, en 1742 et 1743 , y permettait le pacage, tout en se réservant le droit de révoquer l’autorisation à sa guise (quand il concédait par exemple des « lacs d’eau douce » pour la chasse), il avait fixé é le tarif à 3 ou 1 sols selon qu’il s’agissait de « gros ou de menu » bétail, puis à 2 sols par brebis et 5 sols par vache ou jument, à charge pour l’utilisateur de déclarer le nombre de têtes de bétail[26].

En 1561, le 3 novembre, ce sont les habitants de Salles qui obtiennent, de leur Seigneur Pierre de Lur, vicomte d’Uza le droit de « faire paccager les bestiaux et faire leurs coyallas, dans toute l’étendue des landes, et couper bruc, brande, jaugue et fougère »[27]

En 1571, le 6 avril, dans le domaine de Certes, Isabelle de Savoie accorde le droit de pacage mais le limite au nombre d’animaux nécessaires à la production d’engrais[28]. Ces dispositions sont confirmées en 1736 par Eymeri de Durfort, marquis de Civrac[29], au moyen de trois textes distincts concernant Biganos, Audenge et Lanton.

Que représentaient ces vacants/ Il est difficile de le dire. L’estimation de 1782/84 est de 240000 arpents ; convertis d’après les indications de Brémontier sur les mesures en usage à La Teste, cela donne 120 000 hectares ! par contre, s’il s’agit de l’arpent de Paris, mesure utilisée par les cadastres au tout début du XIX° siècle, cela donne 81600 hectares. On est de toute façon encore loin de l’estimation du notaire testerin Eymeric qui compte 9500 journaux (soit  2717 hectares, le journal valant 28,62 ares d’Andernos à Biganos).

La comparaison avec deux autres chiffres : la superficie des landes dans les trois communes de Lanton, Audenge et Biganos en 1843 (246556 ha.) et la superficie cumulée des 3 communes (29556 ha.) montre bien qu’aucune des estimations du XVIII° siècle n’est fiable. Par contre en additionnant toutes les landes de Certes vendues ou partagées sous la Révolution, on obtient 20036 hectares, ce qui semble plus proche de la réalité.

Il y en avait aussi 4900 hectares à Mios où des droits de pacage étaient aussi en vigueur en 1736, la communauté pouvant utiliser « les landes vacantes et padouens », y ramasser jaugues et bruyères contre un droit de civadage de 5 sols par an et par feu vif.[30]

 

Certes les seigneurs se réservaient en général le droit de « bailler » ces terres à ceux qui « en voudront convertir en labourage pour y faire bled » comme dans le Captalat de Buch, mais la pauvreté du sol et la force des habitudes avaient limité cette possibilité, de plus ces landes et vacants étaient indispensables car terrains de parcours pour le bétail : 6000 têtes de bétail à Gujan (surtout des ovins) et 2000 à La Teste (bovins mais aussi chevaux, au nombre de 146 en 1754.[31]) 700 têtes au Teich dont 1600 brebis appartenant à Ruat en 1775[32]. Pourtant les conflits étaient fréquents, nombre de seigneurs essayant, surtout au XVIII° siècle de rogner les avantages acquis.

 

Quant aux forêts, elles étaient aussi frappées de droits d’usage : droit d’affouage , « feussatge » sur le bois d’œuvre et de chauffage dans les montagnes d’Arès, La Teste et Lacanau, de chauffage à Lanton et, un peu partout, le droit de prendre des glands,» « glandatge »  pour nourrir les porcs (ou les hommes en temps de disette), comme dans le Captalat entre la Saint Michel et la Saint André, ou bien encore le droit d’ « ombrage » institué à Salles en 1581 qui permettait aux bestiaux de circuler dans deux bois. Ce droit avait été accordé par Louis Duluc, vicomte d’Uza, le 3 novembre 1561 : « ne pourra ledit seigneur, pignorer[33] ni prendre aucun bétail des habitants de Salles trouvés en ses bois seigneuriaux et prés, ni en faire payer aucune amende en aucun temps »

Ces droits interdisaient la pratique des clôtures (c’est toujours en vigueur dans la montagne de La Teste) et limitaient l’extension des forêts car les seigneurs n’en avaient pas la libre disposition. Mais c’était aussi un moyen de fixer les populations, d’en attirer de nouvelles et d’augmenter les revenus seigneuriaux puisque tous ces droits, qu’ils concernent la lande ou les forêts, étaient accordés contre « espèces sonnantes et trébuchantes ».

Leurs montants étaient parfois réévalués pour tenir compte de l’érosion monétaire. Cela donnait lieu à des conflits et à la signature de nouvelles transactions, mais les sommes restaient souvent symboliques à cause justement de cette érosion monétaire. C’est ainsi qu’à Salles, la charge monétaire moyenne à l’hectare, en argent, grains et volailles, était de 0,414 % et sur les forêts elle n’y représentait que 1,8 % du produit net moyen.

 

Le meilleur exemple de la difficulté d’étendre le domaine forestier à cause des droits d’usage sur la lande est celui de La Teste.

             Vers 1746, Jean Baptiste Amanieu de Ruat et « quelques habitants s’occupèrent à faire semer des graines de pins, d’ajoncs, ronces et de genêts… elles prirent très bien et dans peu d’années , dans cette partie semée, les sables se trouvèrent fixés et arrêtés et, étant devenus grands et presqu’assez pour être exploités, pour produire des gommes, quelqu’un par malice ou sous prétexte qu’il ne pouvait pas faire paccager son bétail, les incendia, ce qui fut cause qu’on cessa cette plantation, crainte d’éprouver le même sort»[34] Ruat, dans un mémoire adressé à M.de Saint Maur en 1776, affirme qu’ils ont eu lieu, 40 ans plus tôt, soit en 1736 et Charlevoix de Villiers écrit en 1778 que l’incendie s’est produit au bout de 15 ans, soit en 1751. Dans les deux cas, il s’agit de vacants situés dans les dunes et dans le second il est précisé qu’il s’agissait de terrains situé au pied des sables issus de la mer. Un autre incendie s’est aussi produit le 31 août 1733, des semis ayant été détruits au lieu dit Birehuc, « à l’orée de la grande forêt »donc à l’est de celle-ci, dans la lande, près du chemin qui allait à Cazaux, le lieu-dit s’appelle de nos jours  le Becquet. Les historiens locaux, dont moi-même à leur suite, ont parfois confondu les deux.

Il s’agissait en fait de réactions tardives à la violation par le captal de la baillette de 1550 qui ne prévoyait que deux possibilités pour bailler les vacants dunaires ou la lande : « bâtir moulins à vent » et « convertir en labourage pour faire bled ».

              C’est pour la même raison que le suisse Nezer ne put semer des forêts que dans les landes du Teich. Il avait pourtant acheté, le 5 février 1766, à François Alain Amanieu de Ruat  « landes vacantes, terres incultes et en friche dépendant de ses terres en seigneurie de La Teste et du Teich…le tout formant quarante mille journaux…dont vingt mille deux cent quarante huit dans la Seigneurie du Teich et dix neuf mille sept cent cinquante dans l’étendue de la terre et seigneurie du Captalat, distraction faite des trois cent trente deux journaux à quoi s’élèvent pareillement les concessions ci-devant faites par le dit Seigneur de Ruat »

Si Nezer, ses associés et ayant-droits, pouvaient « disposer à leur gré » des landes du Teich où 786 hectares furent ensemencés, la forêt étant dessinée par le géomètre Clavaux, il était précisé dans l’accord que pour celles de La Teste, Gujan et Cazaux, ils ne pourraient les convertir «  qu’en terres labourables, vignes, prairies, bâtiment, parcs et autres objets de cette nature, sans pouvoir cependant y semer aucune espèce de bois, attendu que les habitants de ces trois paroisses doivent avoir l’usage desdites landes pour leur pacage tout autant qu’elles ne seront pas défrichées et mises en valeur de la manière qui vient d’être expliquée. »

Malgré ces précisions, les habitants firent appel car il ne leur restait plus que 788 hectares de landes usagères. Bien que l’accord fut entériné par le Parlement de Bordeaux, ils obtinrent cependant en 1767 que soit interdit à Nezer d’utiliser le bois de la forêt usagère pour établir ses « pressoirs, foulons, papeterie, fabriques, manufactures et généralement tous autres établissements»[35] le privant ainsi de combustible. L’expérience fut donc stoppée, la Compagnie fit faillite en 1769 et Nezer mourut ruiné le 8 avril 1770.

 

 

3. LES TENTATIVES DE COLONISATION DE LA LANDE dans la seconde moitié du XVIII° siècle.

 

Ce n’était pas le premier à avoir tenté de coloniser la lande, car, malgré les difficultés, les projets fleurissent.

 

En 1758, le Sieur Laugeay de Beaune qui  se décrit lui-même comme » un homme non ambitieux mais qui a besoin de s’occuper utilement[36] »propose à l’intendant Tourny de s’occuper du défrichement des landes appartenant au Roi entre La Teste, Bordeaux et Bayonne ! Il aurait institué une corvée, chaque laboureur défrichant 2 à 3 journaux et payant un droit d’entrée de 3 livres par journal et une rente de 5 sols par an, lui-même « pouvant en prendre à sa bienséance mais sans droit d’entrée… »aux mêmes conditions de rente.

 

En 1759, c’est la Marquis de Beaumont qui demande la concession des landes entre Bordeaux et Auch !! Comme il est appuyé par le contrôleur général du royaume[37], Tourny insiste sur le travail de recensement nécessaire. Le bailli de Lesparre, Bastert, chargé de l’inventaire entre Le Verdon et La Teste, précise que les landes ne sont pas au Roi.  Tourny répond donc que les syndics ou consuls ne connaissent point l’étendue des landes, ne peuvent distinguer celles du Roi de celles des seigneurs et que ce sont des communaux nécessaires à l’engrais. Il demande le 10 août 1759 au contrôleur général si le Roi veut faire un arpentage et des sondages dans tous ces territoires, ce qui clôt l’affaire.

 

En 1760, c’est au tour de Raymond de Bellegarde d’obtenir un arrêt favorable du Conseil du Roi concernant les Landes de Bordeaux mais le projet n’eut pas plus de succès.[38]

 

En 1761, le Conseil, confirmant le texte de 1669, apporte quelques encouragements aux défricheurs et, le 1 juin 1762, ce sont les Lettres patentes royales[39] qui accordent 20 ans d’exemption de dîme, 40 ans d’exemption de franc fief et la réduction d’un centième du denier[40].

Il s’agissait de favoriser les entreprises des sieurs Vallet de Sallignac, De Chazelle et De Mariencourt qui venaient d’obtenir du Marquis de Civrac la concession de 240.000 arpents de landes. L’intendant Boutin ne cacha pas son scepticisme[41] et accumula les arguments : terres stériles, eaux stagnantes et donc habitants accablés d’infirmités, nécessité de « briser l’alioste » pour faire des puits à grande profondeur et des canaux. Il donna cependant son accord pour les privilèges accordés, ajoutant, perfide, que l’Etat n’y perdra rien puisque ces fonds ne rapportent rien.

Les 1700 métairies prévues ne virent pas le jour, De Sallignac quitta le royaume et Civrac ne put récupérer ses terres qu’en 1765.

 

EN 1765, c’est une autre compagnie ; Rothe, directeur de la précédente associé à De Cléonard qui reprend le projet, là encore sans succès.

 

Les amateurs pourtant ne manquent pas : en mars 1764, c’est un magistrat d’Auch, Ferraguet, qui se porte candidat[42].

Le 2 mai 1765, c’est un allemand appuyé par D’Ormesson et Choiseul qui propose l’installation de compatriotes (700 familles) qui devaient aller sur Cayenne et qui sont libres. L’intendant Boutin approuve le 17 août, mais, comme cela dépendait du succès de la compagnie Rothe, cela ne se fit pas. Il insistait aussi sur la nécessaire satisfaction par l’Etat des demandes des promoteurs de l’opération. Ceux-ci espéraient pouvoir y installer des irlandais catholiques persécutés[43]: pour chaque groupe de 5 personnes, des hardes pour une valeur de 100 livres,30 outils aratoires et ménagers, 60 meubles et ustensiles, une maison de 150 livres, un puits pour deux maisons et 6 brebis, le tout pour un montant de 436 livres par groupe.

Mais là encore l’aide ne vint pas.

 

Les années suivantes voient se multiplier les Arrêts du Conseil et les Lettres patentes pour accorder plus de privilèges aux défricheurs.

Le 4 décembre 1785, c’est en faveur de Ruat[44] afin de faciliter la tentative de Nezer : les avantages sont semblables à ceux accordés à Sallignac mais on y trouve aussi une exemption de taille et de vingtième pendant 40 ans, une réduction à 20 sols de la capitation pout les colons, la réduction de la dîme à une gerbe sur 50[45], et la naturalisation des étrangers au bout de trois ans de présence.

 

Des dispositions semblables seront généralisées par l’Arrêt de Compiègne du 13 août 1766 puis améliorés, en ce qui concerne les « landes de Bordeaux » par les lettres parentes du 29 avril 1768. Ce dernier texte essaie d’unifier les différentes mesures particulières et prévoit des exemptions (dîme, taille, vingtième pendant 20 ans, franc fief pendant 40 ans) ou  des réductions (dîme à la 50° gerbe pendant 40 ans, 1 denier par arpent d’insinuation si le bail dépasse 29 ans, capitation de 20 sols par colon.[46]

C’est surtout cela qui  importait : comme le signalait l’intendant Farges, le 20 février 1762, si 28715 arpents avaient déjà été défrichés sur les landes de Nezer et de Civrac, aucun étranger ne s’était installé. Il demande en particulier qu’on valide leurs mariages antérieurs ou futurs et qu’on leur donne l’autorisation de tester et de succéder quelle que soit leur religion. Le but était d’attirer des suisses de la région de Neufchâteau.

 

Si tout cela ne servit pas, cela montre au moins qu’en cette fin du XVIII° siècle, les aides à l’emploi prolifèrent déjà mais surtout que l’esprit de tolérance a déjà gagné les milieux officiels et que « l’étranger », c’est d’ailleurs une tradition sous l’Ancien Régime, ne fait pas peur.

 

D’ailleurs à partir de 1768, l’attention se porte plutôt sur les problèmes de navigation et les projets de canaux se multiplient comme préalables au défrichement et à la mise en culture de la lande, le lien étant, on le verra, souvent fait avec la fixation des dunes.

Il s’agit de creuser un futur « canal des étangs » de la Gironde à l’Adour, même si certains projets envisagent des dérivations vers la Garonne. Se succèdent donc le rapport de M. Chevallier, avocat au Parlement, (1770-72) qui s’inspire de celui de M. De Karnay (vers 1768) et préconise, comme lui, la fixation préalable des dunes ; l’inspection de l’intendant Boutin accompagné de M. Desmarets, membre de l’Académie royale de Paris, et de l’abbé Desbiey (1769) ; le projet du Comte de Montauzier auquel est associé Clavaux (1773), ce projet appuyé par Desbiey fut refusé par Brémontier qui, depuis 1770, était en poste à Bordeaux ; la lecture en séance publique de l’Académie de Bordeaux du mémoire des frères Louis Mathieu et Guillaume Desbiey « Sur l’origine des sables de nos côtes et les moyens de les fixer » ; le projet d’un canal de Bègles à Arcachon par Péconnet (1775) qui reçut un avis défavorable de Turgot ; le mémoire de Guillaume Desbiey « Sur la meilleure manière de tirer parti des landes de Bordeaux » (1776) ; celui de Lorthe sur un  canal Garonne-Arcachon-Adour accompagné d’un port à Arcachon, projet autorisé par Louis XVI mais abandonné faute d’argent ; celui, enfin, d’un certain Ferbaux sur le canal Bordeaux-Bayonne que l’intendant Saint Maur refusa (1777).

 

Beaucoup plus sérieux furent les travaux menés par l’Ingénieur du Roi, Charlevoix de Villers[47] en 1778 à La Teste. Dans ses cinq rapports, dont le dernier fut remis en 1781, avant son retour à Saint Domingue, il envisage tout ce qui se fera plus tard : la fixation des dunes et ses techniques, « utilisées » plus tard par Brémontier, le percement de canaux entre les étangs, le développement des crastes pour drainer la lande, la plantation de pins dans les zones impropres aux autres cultures, le développement des prairies artificielles pour accroître le rendement du bétail….Bref un visionnaire abondamment utilisé et donc souvent oublié, mais aussi un homme d’affaires se mettant à dos la population, outrepassant souvent sa mission et l’abandonnant au profit d’un projet d’endiguement des prés salés par la compagnie du Sieur Gier, qui en avait obtenu la concession en 1780, entreprise à laquelle il aurait été intéressé et qui lui valut sa disgrâce.

 

Charlevoix de Villers : Projet de canal entre La Teste et Cazaux

 

Dans les années qui suivirent, on reparla encore du canal avec le projet Chevalier-Duplessis[48] de 1782, mais il est là encore refusé par Dupré de Saint Maur car les priorités ont change : ce sont désormais les dunes qui retiennent l’attention.

Cette prolifération de projets témoigne de la vigueur de l’esprit physiocratique dans les élites locales de la fin du siècle. Ce=t esprit nouveau attira dans la région nombre de promoteurs aussi enthousiastes que malheureusement désargentés.

Donc la lande resta presque partout vaine, jusqu’à ce que la Révolution et des années de procédures règlent la question du droit de propriété et des droits d’usage ce qui ne calma pas les porteurs d’idées nouvelles à preuve les mémoires adressées en 1809 par Paul Courbin de Mios qui demandait la concession de toutes les terres vaines et vagues appartenant à l’Etat depuis l’estuaire de la Gironde jusqu’à…Bayonne !!! [49]

 

4. LE PARTAGE DE LA LANDE

 

Le sort des terres vaines situées en arrière des dunes ne fut pas réglé facilement. D’après les lois des 14 aout 1792 et 10 juin 1793, complétées en février 1804, et en vertu de l’abolition de la féodalité, les communes étaient considérées comme propriétaires des landes et vacants, à condition que les anciens seigneurs, leurs héritiers ou leur successeurs ne puissent prouver qu’ils les avaient régulièrement achetées.

Les communes avaient la possibilité de partager ces vacants entre les habitants contre une somme calculée sur leur revenu au moment du partage. Cela, certains n’ayant pas attendu les partages officiels, provoqua maintes querelles.

A cela s’ajoutaient les terrains qui, pour cause d’immigration ou de condamnation de leurs propriétaires, avaient été confisqués par la Nation et revendus comme biens nationaux. Enfin, tout était compliqué par l’existence de droits d’usage, de chasse, de parcours ou de pacage non abolis.

Le début du XIX) siècle est donc fertile en contestations et procès qui finirent par aboutir à des partages plus ou moins amiables. Mais il faudra attendre les lois de 1857 enjoignant aux communes de vendre leurs communaux pour les ensemencer en pins, pour voir la lande se couvrir presqu’entièrement de forêts.

Au TEICH, tout avait été vendu à Nezer.

A GUJAN et à LA TESTE, 2464 journaux (786 hectares) avaient été réservés à Ruat et donc aux habitants pour y exercer leurs droits lors de la vente de 1766 « dix neuf mille  sept  cent cinquante et un journaux vingt cinq règes sept carreaux sur vingt deux mille deux cent quinze journaux une rège cinq carreaux  à prendre dans l’étendue de la Terre et Seigneurie du Captalat de La Teste, dont le surplus est réservé au dit Seigneur de Ruat. »

Sur ce total, 1012 revenaient à la commune de Gujan soit 323 hectares. Les partages y commencèrent en 1806 mais ce n’est qu’en 1823, le 2 avril, après des années de contestations diverses, qu’une Ordonnance Royale conclut l’affaire : un peu plus de hectares avaient été concédés à des habitants et mis en culture.

Le premier partage avait eu lieu en septembre 1793 puis annulé parce que contesté ; il fut refait en décembre mais, en 1802, le Conseil Municipal, saisi par des habitants, demanda que la lande soit remise en l’état antérieur à la Révolution car il n’y avait plus assez de pâturages pour les troupeaux. La loi de 1804 ne reconnaissant comme privées que les parcelles qui avaient été défrichées, il fut donc attribué, le 17 avril 1806, une superficie de 80 hectares à 80 personnes. Ce n’était pourtant pas réglé, certains continuaient à défricher sans titres, d’autres détournaient des crastes, inondant leurs voisins et le quartier de Mestras revendiquait ses droits sur un communal particulier. Le Conseil, d’abord opposé à de nouvelles concessions changea d’avis à cause de la misère mais, les lenteurs administratives s’y ajoutant, il fallut donc 30 ans pour régler la situation.

 

Quant au reste, situé sur la commune de La Teste, l’ancienne paroisse de Cazaux ayant demandé son rattachement, il se passa longtemps avant que n’y poussent des forêts. Les successeurs de Nezer, Gaullieur-L’Hardy et Bessac-Lamegie apportèrent, en 1817, leurs 11 674 hectares à la Compagnie Agricole et Industrielle d’Arcachon qui envisageaient une mise en culture, profitant de la construction du canal Cazaux-La Hume commencée en 1835.

Mais il n’y eu toujours pas de forêts, la baillette de 1500 et le Maire de La Teste s’y opposant. Après la faillite de l’entreprise, en 1846, et la création d’une éphémère Compagnie Ouvrière de colonisation des landes de Bordeaux en 1847, le terrain retourna à la lande.

Le tableau ci-dessous donne en ce qui concerne le sud-bassin, le bilan en hectares des landes communales (en italiques) et privées dans la première moitié du siècle. Quand le chiffre est en gras, il représente le total. Les chiffres varient selon qu’il s’agit des estimations des Maires ou des relevés cadastraux; quant à celui de 1857, il s’agit des surfaces communales à ensemencer inventoriées par Chambrelent.

 

 

Communes          1827[50]                 I843[51]                   I852[52]             I857

 

La Teste               9- 4420           4430                                                  0

Gujan             1203-     90             338-3183           221-3135               0

Le Teich                                       1839-4541             628                  1,27

Total du canton

Communales et privées)              14331[53]                   13118 [54]

 

 

Ce tableau appelle trois remarques :

-        pour l’enquête de 1827, il faut, pour Gujan, ajouter les landes de Nezer estimées en 1819 à 50 hectares.

-        Sur les 221 hectares portées sur le cadastre impérial de 1852 et situées entre la craste baneyre et les villages, 6 hectares sont attribuées, à La Hume, « aux habitants » et 135 au « village de Mestras » le reste étant mentionné comme « lande communale » Ces terrains, voués au pacage sont donc naturellement exclus par Chambrelent, de la liste des espaces à boiser.

-         

-A La Teste pratiquement toute la lande appartient aux ayant-droits  des compagnies, il est donc  normal qu’elle n’apparaisse pas en 1857.

 

Dans le canton d’Audenge, le partage des landes eut lieu en 1846 entre d’une part les communes de Biganos et Lanton qui obtinrent respectivement 681 et 5275 hectares et, d’autre part, les héritiers Civrac qui en récupérèrent 712 et 5099 hectares. Les possessions du domaine de Certes avaient déjà été amputées en 1797/98 par des ventes à Biganos (457 hectares cédés à la famille Turgan, propriétaires depuis 1787, puis rachetés par Guestier et Darrieux qui furent en procès avec la commune en 1835) et à Lanton (250 hectares à Darrieux et 200 à Deloutre qui en revendirent 113 à Etienne Anglas en 1818,

« Les landes Bettereau ». Lors du procès de 1835, LA Cour d’Appel, précisa que la présomption de propriété des communes en vertu des lois révolutionnaires « sur les terres vaines et vagues situées sur leur territoire, cesse d’avoir son effet si les ci-devant seigneurs ou leurs représentants  justifient, par des actes authentiques, qu’ils les ont légitimement acquises. » ce qui était le cas pour les terres du marquis de Civrac depuis 1636.

Par contre à Audenge, les héritiers Civrac n’ayant pu fournir de titre de propriété, c’est la commune qui récupéra le tout, 5000 hectares qui s’ajoutèrent aux 162 qu’elle possédait depuis 1768. La contestation ne portait que sur ce qui restait après la vente en 1798 de 1450 hectares du domaine de Certes à Dauberval Ils furent revendus en 1818 à François de Boissières dont le fils Valeton de Boissières draina vers 1843/44 une partie des landes après en avoir semé 55 hectares en 1855.

A Mios, comme il n’y avait pas eu de vente en 1798, c’est par contre la totalité des biens de Civrac qui furent partagés entre la commune (2390 hectares) et ses héritiers (2512 ha).

A Ares, le domaine de Belcier ayant été vendu en 1798 à Duprada puis à Hirribarne, c’est en1847 que son successeur Javal commença à effectuer des semis car les droits de parcours étaient éteints depuis 1789 comme le reconnut un jugement de…1851.

A Lège enfin, les landes avaient appartenu à M.de Marbotin qui n’avait pas émigré et fut inscrit en 1791 et 1792 sur les rôles de la contribution foncière, preuve de la reconnaissance par la commune de ses titres de propriété. C’est pourquoi celle-ci fut déboutée dans sa revendication de propriété, le 12 janvier 1826 par la Cour Royale de Bordeaux. Les héritiers de Marbottin, disparu en 1793, vendirent la propriété à la « Société pour la mise e, valeur des Landes de Gascogne du négociant bordelais Adolphe Seigneur Balguerie.

 

La répartition des landes communales et privées s’établit donc selon le tableau suivant avec les mêmes réserves que pour le précédent.

 

Communes                An 7 [55]               1827                1843[56]                   I852               I857

 

Biganos                     3972               935/954        2719/2807               5623              1105

Audenge                       40                                     3610/2625              6732              3516

Lanton                      2289                                    11116/   91            12012              4726

Andernos-Ares           382                                            0/5542             1648                 711

Ares                                                                                                      3892              1798

Lège                                                    851                   0/7711             2009

 

CANTON                                                                  37582               32811

 

Mios                          931               6072/2167       4866/5297                                    2282

Salles                                              7483                4500/3000             8071              4357

Beliet                                              3500                2825/  224                                      379

 

Le Porge                                         5745                5548/1168[57]                                  3957

 

 

Comme on l’a vu précédemment, les réponses de Maires à l’enquête de l’an 7 ne sont pas fiables, mais on leur demandait d’estimer des « pâturages » ;

Il est d’autre part intéressant de montrer quel est, vers 1850, le pourcentage de landes par rapport au reste du territoire et aux forêts, leur superficie en hectares et quel est, dans chaque secteur, le nombre de parcelles. Les calculs que j’ai effectués sur les matrices cadastrales donnent les résultats suivants ;

 

Communes              % de taillis ou bois taillis        nb de parcelles         pins           %               landes        %

 

Biganos                            5,56                                     288                      168           5,14             692         74,98

Audenge                           6,78                                     248                     106            3,69            321         83,15

Lanton                              3,00                                     165                      218           2,15            606          89,38

Andernos                          1,77                                       34                        60          11,40           161          74,85

Ares                                  2,16                                       43                        49            5,26             87          84,79

Lège (sans les dunes)       1,30                                        81                       86             1,90          162           87,07

Le Teich                           6,43                                      195                       28           37                 53             7,25

Salles                                6,40                                      604                   1628           I9,98        1151           59,24

Mios                               11,54                                     1658                    985             3,35        2627           78,67

 

Nous pouvons constater un très grand morcellement du parcellaire qui ne signifie pas toujours un éparpillement de la propriété. Celle-ci est particulièrement concentrée comme le montre le tableau suivant où j’ai classé les communes en fonction de l’importance des grandes propriétés privées de landes.

 

Commune                     Superficie/                   propriétés de + 100 ha.         § // à la propriété    nom des grands          superficie possédée

                               à celle de la commune                                                       privée totale          propriétaires

                                                                              

Lège                                                                          7604                                    98,71                    Balguerie                      7500

                                                                                                                                                           Desplanche                    105

Gujan                               338                                   3034                                    95,28                     Degruhère                    3034

La Teste                                                                    4125                                    93,09 [58]                   Cie Nezer                     4125

Le Teich                         1839                                   4150                                    91,38 [59]                           «                           4060

                                                                                                                                                            De Lauzac                        91

Andernos                                                                  5160                                    90,39                      Balguerie                     3374

                                                                                                                                                            De Sauvage                 1480

                                                                                                                                                             Vve Sutton                   507

Audenge                         3610                                  5789                                    68,84                      De Boissière                1458

                                                                                                                                                             Hazera                          516

                                                                                                                                                             Dumora                        208

Mios                               4865                                   1988                                   37,53                       Lacouen                      1072

                                                                                                                                                             Garnung                        580

                                                                                                                                                             Courbin F.                    176

                                                                                                                                                             Mano                            140

Biganos                          3276 [60]                                 467                                  20,95[61]                    Dumora                        326

                                                                                                                                                             Dubourg                       142

Lanton                          11116                                    189                                   20,65                       Argilas                         189

Le Porge                         5325[62]                                                                                                             Bacquey  Jeune             21

                                                                                                                                                              Digneau Jeantet            19

Salles                             6924[63]                                                                                                          Cazauvielh Arn.            53

                                                                                                                                                              Brun Arnaud                73

 

 

On constate donc qu’en dehors de Mios-Biganos ou Lanton où la grande propriété est minoritaire, il y a deux communes où elle est pratiquement inexistante, Salles et Mios parce que les communes y possèdent  respectivement  93 % et 76% des landes. Mais partout ailleurs c’est le règne de la grande propriété

Comment a-t-elle évolué, les propriétaires l’ont-ils boisée, c’est ce que vont nous apprendre l’examen des cadastres dits « impériaux » au milieu du XIX° siècle. C’est en effet l’examen des matrices cadastrales qui permet d’avoir une vision précise des forêts existantes dans chaque commune, à l’exclusion des semis sur dunes qui feront l’objet de la seconde parte.

 

 

5. LE BOISEMENT DE LA LANDE AU MILIEU DU XIX°SIECLE

 

 

Les communes du sud

 

LA TESTE

En 1849, le bourg est entouré d’îlots forestiers :

A l’est, dans la section dite de Bordes, il y a 68 hectares de pins divisés  en 28 parcelles dont 15 ont plus de 1 ha.de superficie et 3 plus de 10. Là  domine la pinède bien nommée de  l’enclos du ping  avec ses 16 parcelles totalisant 58 ha. Et quelques petits bois à  Petit Bordes (1),  Caillivole (2) et  la Hume (4). Il faut aussi y ajouter les 138 ha. du  bois de Bordes.

Au sud et au sud ouest, ce sont les pins de la  lède de la seuve (24 ha dont 20 partagés entre deux propriétaire : Dubos et Hameau), ceux des Ninots 

(4 ha. aux Caupos) et ceux de  Notre Dame des Monts (22 ha. En 5 parcelles : Bestaven, Caupos, Lalesque, Marichon, Moyzès) soit 42 hectares de pins auxquels se mêlent 6 hectares de bois.

A l’ouest, enfin, le petit bois dit du Braouet s’étend sur un peu plus de 1 hectare avec 4 parcelles à Peyjehan et Hameau.

Le reste des plantations de pins se trouve plus au sud dans les domaines appartenant à la Compagnie du canal (32 ha.)  et à la Compagnie Agricole d’Arcachon (42 ha.). Au total la lande ne comporte que 76 hectares de pins, le reste a été converti en cultures diverses qui toutes échoueront ou laissé en friche. Un chiffre témoigne de ces échecs, celui de 1892 : il y a encore 1544 ha.de landes dans la commune ce qui prouve que les terrains cultivés y sont retournés.

Quant à la répartition sociale, elle respecte dirais-je la tradition :en dehors des Compagnies, rêves de bordelais ou d’aristocrates piqués d’agronomie, c’est la bourgeoisie locale qui concentre en ses mains la propriété foncière, c’est aussi le cas dans les 4183 hectares de la forêt usagère, la Montagne, mais ce n’est pas le cas, on le verra, dans les dunes nouvellement semées qui totalisent déjà 3557 hectares à La Teste et 854 au Cap Ferret, à l’époque quartier de La Teste

 

 

            Un exemple de rêve, celui de  la « Compagnie d’Arcachon » dont les domaines jouxtaient à l’est, hors du Captalat, les semis de  la compagnie de Nezer.

La baillette de 1550 interdisant la plantation de pins, différentes cultures furent envisagée : des pommes de terre, du colza, du maïs et diverses céréales, et aussi des mûriers pour l’élevage des vers à soie.

Mais l’aridité du sol, le manque d’eau malgré les espoirs nés de la construction du canal, l’inexpérience pratique des « directeurs » eurent raison de l’enthousiasme des promoteurs.

 

Après la liquidation  de la compagnie,  d’autres essais furent tentés comme la riziculture et une autre utopie vit le jour, celle d’employer des chômeurs, conçue  par un des anciens directeurs le Comte de Blacas Carros qui créa l’éphémère  « Compagnie de colonisation des Landes de Gascogne ».

 

 

 

 

 

 


 GUJAN : Dans cette autre commune de l’ancien Captalat de Buch, la comparaison entre les chiffres de 1827 et ceux du cadastre impérial, établi vers 1850, montre peu de changements hors l’action, comme à La Teste, de l’action des Compagnies du canal et de la Compagnie agricole d’Arcachon. Elles totalisent  72 hectares dont deux parcelles de 39 et 30 ha. à La Hume qui s’ajoutent aux 15 hectares des « pins Dejean ».

Quelques gros îlots dans la lande : une trentaine d’hectares à La Ferme, au comte d’Oyzonville, et à Taurès à M. Vinzelle, soit en tout 117 hectares de pins partagés entre 5 propriétaires.

Pour le reste, on arrive à un total de 149 hectares, identique, à celui de 1827, répartis en 200 parcelles soit une moyenne de 74 ares chacune.

Il y a donc une nette opposition entre quelques gros propriétaires et une foule de petits propriétaires exploitant, près des bourgs, les mêmes superficies que 25 ans plus tôt, sans chercher à les augmenter, car le vignoble, certainement plus rentable, se partage, avec les cultures, la plus grande partie de ces zones où l’on ne trouve que très peu de landes, seulement 40 hectares, disséminés en 84 parcelles, destinés au pacage du bétail. Dans ce voisinage des bourgs, les parcelles forestières sont concentrées dans les sections  du Bourg  83 pièces autour des  bois du Bourg et de la Ruade, de Meyran (22 ha.), de Mestras (37) et de la Magdeleine (52) alors que les grosses propriétés sont cantonnées, on l’a vu, dans la lande ou vers La Hume.

A ce total de 255 hectares, il faut en ajouter 42 « de pins et landes », plantations qui sont vraisemblablement moins denses et  de « bois » non caractérisés 6 à Taurès et 26 au lieu-dit  Techoueyres qui appartiennent à la Compagnie agricole (10)  et à Daussy (11).

Quant aux semis, il n’y en a que 4 hectares partagés entre 6 personnes, ce qui confirme l’impression de stagnation déjà soulignée et qu’on retrouve dans le pourcentage par rapport à la superficie de la commune, des pins (5,54 %) et des landes (76,71 %).

En effet, les 3135 hectares de landes privées ne seront boisés qu’après la suppression des droits de parcours détenus depuis 1550 par les habitants. Cela fut accepté par la commune en1864 contre la somme de 50000 francs payée par M. Lescanne Perdoux qui venait d’acheter une partie des  landes de Nezer, issues de la liquidation de la Compagnie Agricole.

Il en fut de même à La Teste, grâce à une procédure de cantonnement qui permit à la commune de récupérer 370 hectares sur le territoire de sa voisine. Cependant, l’obstination des habitants de Cazaux à faire respecter leurs droits repoussa la possibilité de semer des pins jusqu’en 2901 quand la commune, pour régler le problème, racheta les  landes Lescanne  situées près du village. Ces suppressions de droits qui portaient sur m 4226 hectares du « cantonnement Lescanne » furent complétés par des accords semblables avec les autres acquéreurs des terrains de la compagnie agricole et leurs ayant-droits. Ils portèrent sur 984 hectares si bien qu’en 1919, le total des superficies cantonnées sur les deux communes était de 521O hectares.

 

LE TEICH : La situation y est très différente puisque l’ensemble des surfaces boisées représente 51,44 % de la superficie de la commune voire 54,20 % si on enlève la section dite des  prés salés  où l’on trouve cependant 17 hectares de « bois » dont 6 de pins.

Ces forêts se répartissent en 475 ha. de « bois » (5 ,50%), 84 de taillis,  55 de bois et marais inondés, le long de la Leyre, et surtout 3288 hectares de « pins et landes » (7,26%).

Ces dernières correspondent aux propriétés de la compagnie d’Arcachon, héritière de Nezer (environ 3000 hectares alors qu’à l’origine il n’y en avait que 575), à celle d’Hirigoyen (659) et de Festugière, propriétaire du château de Ruat[64]. Le reste est divisé en 234 parcelles dont 23 seulement sont supérieure à 1 hectare.

Quant aux 475 hectares de « bois », 49 relèvent de la commune et 181 appartiennent à Festugière surtout à Lamothe (Fontaine Saint Jean et la berle du  tchan), sans oublier les bois d’agrément qui s’étendent sur 5,5 ha autour du manoir, et 3 dans le bois de Comps. Le reste est divisé en 177 parcelles très éparpillées, sauf dans les secteurs de Comps et du Bouscaut ainsi qu’à l’est, vers la Leyre. C’est là que se trouvent les 16 parcelles supérieures à 1 hectare partagées entre 6 familles (Techoueyres, Mesplé, Daney, Fourton, Lafourcade et Villetorte).

 

La commune du Teich, présente donc un visage très différent de celui de sa voisine Gujan, surtout à cause de sa situation géographique (la présence de la rivière), historique (celle du château de Ruat) et sociale (absence de droits d’usage sur la lande). A coté des zones humides naturellement boisées et de la multiplication de petites parcelles proches du bourg, cela a permis la constitution de très grandes propriétés forestières où la culture du pin est déjà très « moderne ».

Cette tradition forestière qui se retrouve aussi à La Teste, mais pour d’autres raisons (forêt usagère et semis sur dunes) a en partie façonné les mentalités et guidé l’action des municipalités. Elle ne se retrouve pas à Gujan où la forêt est plus récente.

     Pour l’ensemble du canton, la situation, en 1852 se présente ainsi[65] :

-14675 hectares de forêts dont 9033 à l’Etat (les semis sur dunes) et 5672 sur les anciennes landes  auxquels il faut ajouter les 4183 ha de la Montagne usagère de La Teste.

-13118 hectares de landes.

 

Les communes de la rive Est.

 

Par contre, pour les communes qui s’étendent de Biganos à Lège, il n’y a pas eu de gros changements. Si la superficie des forêts a augmenté depuis 1827, la lande est toujours prépondérante, comme le montre le tableau suivant résultant, là aussi de l’analyse des cadastres impériaux.

La première colonne indique la superficie, arrondie, en hectares, la seconde, le pourcentage par rapport à la commune.

 

Communes                  Taillis et futaie                                 Bois de pins                                       landes

                                         bois taillis       

   

Biganos                      417                 5,56%                      385              5,14 %                       5624                   74,98%

Audenge                    549                 6,78                         299               3,69                           6734                   83,15

Lanton                       404                 3,00                         289               2,15                         12026                   89,38

Andernos [66]                    39                 1,77                         251             11,40                           1648                   74,95

Ares                             99                 2,16                         241               5,25                           3893                   84,79

Lège                            30                 1,30                           44               1,90                            2010                   87,07

Le Porge                     18                 0,26                         552               8,75                            5732                    85,34 

 

En ce qui concerne la répartition géographique et sociale des forêts de pins, on constate qu’elles sont toujours situées dans les mêmes secteurs et que, si de grandes propriétés forestières privées commencent à poindre, elles sont encore minoritaires.

 

 A BIGANOS, les boisements en pins sont toujours concentrés vers Lamothe  ainsi qu’au lieu-dit  Les sauzes, soit 5,14 % du territoire sur 168 parcelles.

A AUDENGE seules 16 parcelles sur 106 sont supérieurs à 1 hectare et 2 propriétaires seulement se distinguent De Boissières avec 13 hectares au lieu-dit  la baraque  et Garnung, 13 hectares à  Lubec.

A LANTON, ce sont 27 parcelles sur 218 qui dépassent 1 hectare dont 10 de plus de 10 hectares. On retrouve les sites connus ; bois de Lanton, de Taussat, Pas du Rey, Le Renet, La MontagneTrois propriétaires y totalisent des superficies importantes : De Boissières (10 ha. au Pas Simonet) Argilas (63 au bois de Taussat) et surtout Hazera (5,5 dont 7 au bois de Bénédict et le reste à la Montagne).

A ANDERNOS, c’est M. De Sauvage, acquéreur en  des propriétés Hirribarne, anciennement Belcier, qui avec 222 hectares, domine tous les autres, ses pins poussent surtout dans la Montagne (193 ha.) et près du bourg d’Andernos (29). En dehors de ces parcelles, il n’y en a que 4 qui dépassent 1 hectare.

A ARES qui vient, en 1851 de se séparer d’Andernos, la situation est semblable : sur  49 parcelles, toutes à M. De Sauvage totalise 186 hectares en 4 parcelles à la Montagne (166) et à Arpech (20) et la Veuve Sutton, avec 25 hectares en 3 parcelles, toutes à Arpech, est la seule autre propriétaire importante. Quant au reste, il n’y a que 3 parcelles supérieures à 1 hectare.

A LEGE enfin, 10 parcelles de pins dépassent l’hectare mais la plus grande n’atteint que 3,6 ha.et aucun des 8 propriétaires ne se distingue hormis les héritiers de Marbottin ; mais la plus grande partie de leurs plantations est située dans les dunes et ils ne possèdent que 6 hectares dans les anciennes landes, au Bourgey et à La Saugeouse. Pour mémoire, disons que les dunes couvertes ne représentent alors que 36 ha. et qu’il y  a encore 3366 ha.de sables blancs.

 

Pour l’ensemble du canton d’Audenge, il y a, en 1852, 9800 hectares de forêts et 42768 de landes auxquelles il faut ajouter 984 hectares pour le foin, et 955 de pâturages.

 

Au PORGE, il n’y avait, lors de la confection du premier cadastre en 1827, que 6 parcelles de pins dépassant 5 hectares ; la plus grande en avait 8, quatre appartenaient au sieur Brun et les deux autres au sieur Laguayte. Même situation pour la lande avec une seule parcelle importante de 16 hectares.

 

Les communes du Val de Leyre. [67]

 

Pour les deux communes de Mios et de Salles[68], la répartition de la couverture végétale est la suivante :

 

Communes                       bois taillis et futaie                      bois de pins                            taillis et landes                        landes

                                                                                                                                           landes et pins

 

Salles                               873                6,40%                  2722     19,80%                      73              0,53%                   8071        59,24%  

Mios                                885                6,61                       433        2,57                       563              4,35                      9982        77,34

 

La encore, la part des landes est prépondérante, surtout à Mios ; les tableaux suivants donnent la répartition, par section, en pourcentage de la superficie totale, avec, en italiques le nombre de parcelles

 

  SALLES, sections                        bois taillis                                  pins                                           landes

 

  A (du Bougès                           21,7                84                25,10               119                     16,3                    121  

  B (d’Argilas)                           17,8               308                 6,25                 99                      57,9                   281

  C (de Vignolles)                         1,7                72                13,90                281                   72,5                   185

  D (de Badet)                              2,9                68                16,50                209                    75,4                   220

  E ‘du Bourg)                            22,9              101                  8,50                 55                     28,5                    54

  F (de Lanot)                               7,9                90                57,10                 47                     14,4                    99

  G (de Peyreherine)                     0                    0                  5,50                 78                     93                       45

  H (de Caplanne)                         3,2               82                 31,80              385                     55,4                  156

_______________________________________________________________________________________________

  MIOS

 

  A (Ramounet)                          4,86             117                  2,28                  94                       86,77                 217

  B (Lillet)                                28,63             507                  2,52                   51                      31,99                 446

  C (Bourg)                                4,68              585                 4,86                  260                     76,44                1273

  D (Caudos)                             5,78              429                  1,97                 104                      86,40                 708

                            

Pour Salles, si l’on compare avec la répartition des forêts au XVIII° siècle (carte de Belleyme) on constate qu’elles se sont un peu développées dans les quartiers de Lavignolle et du Bougès où elles étaient pratiquement inexistantes, qu’elles ont bien progressé dans celui de Caplanne mais que l’essentiel est encore constitué par la Montagne.

A Mios la part des forêts est beaucoup plus faible et aucune partie de la commune ne se distingue par la présence de forêts importantes.
A Salles,  la répartition des parcelles selon la végétation  est la suivante ;

 

Végétation                                  nombre de parcelles                  superficie moyenne des parcelles

 

Bois taillis                                             804 1,08 hectares

Pins                                                     1628                                                  1,67

Lande                                                  1151                                                 7,01

 

En ce qui concerne  les seuls bois de pins, nous obtenons les chiffres suivants :

 

Superficie     nombre de parcelles             Propriétaires importants

  1 à 5 ha.                    456

  5 à 10                         59

10 à 20                         22

20 à 50                         10                      Cazauvielh(4), Dupuch (2), Comte de Puységur (1)

50 à 100                         2                      Puységur (2)

  +   100                         2                       Dupuch et Puységur qui, avec  462 ha. est le plus gros propriétaire de la commune.

 

A Mios, par contre, on constate que, dans l’ensemble, les parcelles de pins sont petites, la moyenne des propriétés s’établissant ainsi :

 

Moyenne des superficies                     Section A                  Section B                   Section C                     Section D

 

Des parcelles                                          0,75 ares                       44 ares                       1,00 ha.                           74 ares

Par propriétaire                                       2,21 ha.                        83 ares                       2,70 ha                              2 ha.

Parcelles de 1 à 3 ha                                  13                               3                                  29                                    19

        «          3 à 5 ha.                                  0                                0                                    8                                      0

                     +  5 ha.                                   0                                0                                    5                                      0

 

Il n’y a donc pas beaucoup de gros propriétaires et très peu de propriétés d’un seul tenant. Ainsi, en Section A, Taudin, dit Lachaume, totalise un peu plus de 8 hectares en 13 parcelles dont 2 > 1 hectare. En section  C, Courbin Pierre possède environ 16 hectares en 13 parcelles dont 4 > 1 ha. deux d’entre elles, totalisant 10 ha. se trouvent au Hourquet et voisinent celles de Lafon, dit Hillot, (8 ha.) et d’Hazera (4 ha). En section, D enfin, la propriété de Ducos (7,5 ha.) est divisée en19 parcelles dont 3> 1 hectare.

 

On constate donc qu’au milieu du XIX° siècle, les landes du Pays de Buch ne sont pas encore sauf exceptions, couvertes comme de nos jours de forêts. Ce n’est que  dans la seconde moitié du siècle, grâce à des initiatives privées et surtout à l’engagement du pouvoir politique et de Napoléon III que les forêts de pins se développeront. Ce sont en effet les lois de 1857 qui donneront l’élan décisif en obligeant les communes à semer en pins leurs communaux.

 

6 INITIATIVES PRIVEES ET INTERVENTION DE L’ETAT.

 

Avant même que l’Etat intervienne en 1857, des initiatives privées avaient déjà contribué au boisement de la lande ; trois noms dominent ces entreprises :

 

-François et Ernest Valeton de Boissière.

François, négociant à Bordeaux, est propriétaire du domaine de Certes depuis 1818 : 1879 hectares achetés à Dauberval qui les avait acquis en l’an 6. Il leur ajoute en 1839 les 113 ha. (ou 200 en 1837 selon une autre source) de la propriété Walbreck, négociant parisien qui avait acquis en l’an 3 les réservoirs à poisson de la veuve de Nicolas Guesnon de Bonneuil. Son fils Ernest  augmenta la superficie des surfaces plantées en pins puisque le domaine qui en compte  298 ha. sur les cadastres impériaux, passe à 350 en 1855, puis, 10 ans plus tard à 600 hectares de pins et 1100 de landes. Ces plantations commencèrent vers 1843/44 grâce aux travaux d’assainissement commencés par François.

Il s’agissait de délimiter, par un fossé continu, un quadrilatère de 200 sur 300 mètres et de creuser, à l’intérieur, à 5 mètres du fossé Est, des fossés de 2 mètres de large distants de 12 mètres qui s’écoulaient dans le fossé Ouest. Cette technique dite des platebandes n’a pas été la seule à être expérimentée puisqu’ailleurs, vers Audenge, les fossés sont distants de 100 mètres ou bien creusés en dents de peigne  en direction du fossé central.

-Javal : banquier parisien, il achète en 1847, à David Allègre, 1910 hectares à Ares. (il s’agit de l’ancien domaine Belcier), en 1833, il profite de la déconfiture  de la Compagnie Balguerie, (qui avait acheté les terres du Marquis Antoine des Marons de Sauvage, neveu du Duc Decazes)  pour y ajouter 1039 de landes sur le territoire de Lège.

En 1860, il se trouve ainsi à la tête de

-501 ha. de vieux pins, déjà gemmés en 1815 

-81 ha.de pins plantés en 1845

-1940 ha. de semis de 1 à 5 ans

-et 150 ha. de landes .

89% de ses landes ont donc été converties en pins et 6% en cultures. Cette réussite lui vaut en 1860, la médaille d’or du Concours agricole de Paris. Cette réussite a été, là aussi, permise par le creusement de 165 kilomètres de fossés.

Ce domaine Javal passera ensuite aux mains de sa fille, épouse Wallenstein, puis donnera naissance, en 1919, à la Société Forestière de la Saussouze (1919 ha de pins plus le bois de Pitchoury (720 ha.) et les pins de Digneau (125 ha acquis en 1919) et au Domaine d’Ares (659 ha.)

-Pereire : ce banquier, fondateur de la Compagnie du Chemin de Fer du Midi ( et créateur de la Ville d’Hiver d’Arcachon) achète en 1852 les propriétés que la famille De Tracy possédait à Lanton (5166 ha.), Audenge(1500),Biganos (703),Biganos(702) et Mios (2521), puis, en 1857, après l’échec de la compagnie  d’Arcachon,1158 ha. au Teich et quelques 273 ha. supplémentaires entre 1862 et 1872.

Ces propriétés, traversées par la voie ferrée, forment alors deux domaines plantés en pins ;

-le domaine de Marcheprime (8435 ha. à Biganos(1015), Mios (913), Audenge(1460) et Lanton(5044)

-le domaine de Caudos : 2885 ha à Mios (1529) et au Teich (1355).

Auxquels s’ajoutent celui de Cestas (107 ha.). Gravement incendiés entre 1864 et 1870 (6262 ha détruits), ils furent ensuite reconstitués puis vendus en 1917.

Après avoir imaginé un système de drainage enterré, Pereire appliqua les techniques préconisées par l’ingénieur Crouzot, Chef du service Hydraulique des Landes.

 

Ces « étrangers » contribuèrent donc pour une très grande part au boisement de la lande, développant à grande échelle des techniques d’assainissement

déjà connues mais peu employées jusque là. Cette entreprise, réservée jusque là aux terrains privés, fut encore amplifiée lorsque l’Etat décida, à son tour, de la prendre en charge, ou plutôt de la faire prendre en charge par les collectivités locales.

C’était d’ailleurs l’aboutissement d’une longue tradition d’efforts menés, on l’a vu, sans succès, par les administrations régionales au XVIII° siècle et poursuivis ensuite à preuve les circulaires du baron d’Haussez, demandant aux communes, dès 1817, alors qu’il était Préfet des Landes, de réserver chacune 30 hectares de leurs vacants à la plantation des pins.

La loi du 19 Juin 1857, enjoignit en effet aux communes, ou à l’Etat, en cas de défaillance de ces dernières, d’assainir, ensemencer ou planter en bois, à leurs frais, les terrains communaux soumis au parcours du bétail.

Il fut aussi prévu de créer un réseau de routes agricoles : c’est ainsi que furent réalisés les axes Facture-Ares, Facture-Beliet, La Hume-Sanguinet,  Caudos-Salles et Lugos-Belin.

De plus le 10 juin 1854, une loi avait prévu toutes les conditions nécessaires à la réalisation d’un réseau de drainage.

Enfin les communes obtenaient la possibilité de vendre les terrains susceptibles d’être mis en culture afin de financer leurs investissements publics.

 

Ces textes permirent de parfaire la transformation bien entamée des paysages mais il est difficile de connaître leur impact immédiat sur les boisements tant les chiffres sont imprécis. Par exemple, ceux donnés par Chambrelent[69] sur la superficie des landes communales en 1857, ne correspondent pas toujours à ceux qu’on trouve dans les archives. Cependant un document, malheureusement non daté, mais qui, par recoupements, doit être de 1858/59, donne, en hectares les chiffres regroupés dans le tableau suivant (ceux qui sont signalés par* se retrouvent dans les tableaux de Chambrelent, sinon les siens sont transcrits en italiques.)                                                                                                                              

                                                                                                                                                                                                                                                              Chambrelent                                                                                                                                                                                                                     

 

Communes                                étendue des landes communales      projet pour    vendues en                         

                         Superficie totale        ensemencée           vendues      1860    1861          1877

 

Biganos               1263  (1105)                 300                    556                                             1058

Audenge             3156  (3516)                 900                  1132                                             1251

Lanton                4726*                               0                                                     1400           1746                     

Andernos              711*                            150                   232                 240                         245

Ares                    1613 (1798)                   425                                                     530              115                        

Mios                    2134 (2282)                  700                   167                 550                         853

Salles                   4957*                          1250                                                   1250           2230                       

Le Teich              1277                                                                                                            201   

Le Porge[70]           3957                                                                                                           2142

                                                                                                                                                                                                               

Cela montre, malgré l’imprécision des chiffres, que la loi a eu des effets rapides sur les ensemencements en pins. La conjoncture était d’ailleurs favorable, l’âge de « l’arbre d’or » commençait, les cours de la résine ayant fortement augmenté.

Quant aux parcelles vendues, elles ont été mises en culture et cédées la plupart du temps en très petits lots afin de permettre au plus grand nombre d’en acquérir. Deux exemples, à Biganos où 477 hectares sont en lots de 2 à 3 ha. chacun et à Ares où 76 parcelles sont inférieures à 4 hectares et 6 seulement supérieures à 20.[71]  Même situation au Porge où seuls les habitants de la commune purent acheter au pris de 50 à 60 francs l’hectare, ou à crédit avec un intérêt de 5%, de petits lots proches de leurs habitations. Ces dispositions ayant pour but de désarmer les oppositions des paysans qui craignaient de manquer de pâturages.

 

Passer de la lande à la forêt fut donc un e entreprise de longue haleine.
Comme toute entreprise d’aménagement du territoire, elle a eu besoin de visionnaires, les précurseurs ; ils se sont heurtés aux habitudes et à l’incrédulité et sont restés parfois oubliés car ils ne possédaient l’art ni les moyens de, comme on dit aujourd’hui, médiatiser leurs idées et n’étaient pas toujours dans les allées du pouvoir (Desbiey, Villers..).

Il a aussi fallu une évolution des mentalités et de la législation : lois révolutionnaires de 1792,1793 et « impériales » de 1904,1854 et 1857 ; mais il a fallu aussi des conditions économiques favorables, ainsi la barrique de résine valait en monnaie constante 23 francs en 1816,43 en 1840,55 en 1854 et 68 en 1857.

Enfin cela ne put se faire sans l’engagement de l’Etat, de ses administrateurs (Boutin, Tourny, Dupré de Saint Maur, le Baron d’Haussez) des ses ingénieurs ‘Crouzet, Deschamps, Chambrelent) et parfois pour briser les dernières résistances du pouvoir politique (Napoléon III) afin de parachever le tout et de consacrer, par la loi, la nouvelle situation.

Il est d’ailleurs remarquable que cet engagement ait été constant depuis le XVIII° siècle, quels que soient les régimes politiques.

Il en sera de même pour l’autre volet de cette révolution forestière, la fixation et la plantation des dunes.

 

 



[1] Claude Masse, ingénieur général du Roi, reprit en 1706 les levés de la côte du Médoc qu’il avait commencés en 1688.

[2] Belleyme, ingénieur géographe du Roi, fut, en 1176, chargé de la gravure des planches cartographiques de la Guyenne.

[3]  Clavaux : Travaillant pour le marquis de Civrac et résidant à Certes, il fut chargé, à partir de 1772 de la confection de cartes du bassin. Les modifiant en 1772,1774 et 1776 en fonction de l’évolution des chenaux et des bancs.

4 ADG 11 L 216

[5] A DG 7 M 586 Etat des bois communaux An 10

[6] Cassini : César François Cassini de Thury (1714-1784), directeur de l’Observatoire de Paris entreprit  la grande carte de France en 180 feuilles que termina, après 45 ans de travail, son fils Jacques Dominique, comte de Cassini (1748-1845).

[7] François Martial de Verthamon (1724-1764) époux de Marie de Caupos (unique héritière de sa famille) était entre autres, baron  de Lacanau, Andernos et Ignac, vicomte de Biscarrosse….Il eut 7 enfants dont  les deux aînés émigrèrent sous la Révolution provoquant ainsi la dislocation du patrimoine familial.

[8]Une garenne est une étendue boisée ou non, qui est une réserve de chasse, si bien que les lapins s’y multiplient. D’où l’expression « lapin de garenne »

[9]  De Belcier Crain, seigneur d’Arès, possédait aussi des biens fonciers en Entre deux mers. A Arès outre le « château » il possédait 420 journaux d’enclos, 400 de pins et 4000 de landes qui formaient les communaux d’Ares et Andernos. Ses fils ayant émigré, les François domaines furent confisqués et lui-même fut condamné à mort  et exécuté le 22 juin 1794.

[10] Baron d’Arès, il naquit en 1675 et s’éteignit en 1754. Possédant aussi des biens à Soulac (marais-salants) il fut capitaine major des gardes côtes de la Teste. A sa mort, la seigneurie passa à sa fille puis à son petit-fils François de Belcier.

[11] Le domaine appartenait au XVIII° siècle au marquis François Eymery de Civrac. Ses possessions s’étendaient sur les paroisses d’Audenge, Lanton, Biganos, Lamothe et Mios, (le  captalat de Certes) mais aussi sur St Jean d’Illac, Le Barp et Le Porge. Le domaine de Certes fut vendu comme bien national, au profit du sieur Dauberval, il fut ensuite acquis par  François de Boissière en 1818 qui en, 1837, lui ajouta 200 hectares de salines. Ce domaine, inculte avec ses 1400 hectares de lande, ses marais et son château, fut légué à son fils Ernest Valeton de Boissière. Celui-ci résida longtemps aux Etats-Unis .Il partit en 1851 après le coup d’Etat et revint définitivement à Audenge en 1892 pour y mourir deux ans plus tard. Il fut à partir de 1843, un pionnier de l’ensemencement des landes par le pin maritime. 

[12] ADG 7 M 586 : Inventaire des forêts en 1809

[13] Le prieuré de Comprian, étape dur la route de Saint jacques de Compostelle et lieu de sépulture du premier Captal  de Buch, n’était plus, au XVIII° siècle, qu’une source de revenus  pour le chapitre de Saint Seurin de Bordeaux dont il dépendait.

[14] Le suisse Nezer  acheta 40000 journaux de landes au Captal de Buch (12771 ha). Il voulait les « convertir en bleds », mais les textes anciens du Captalat de Buch l’interdisaient ; il ne put  qu’ensemencer en pins 574 ha, en dehors du Captalat. Ce sont eux qu’a dessiné Clavaux. Mais  la compagnie de Nezer fit faillite en 1769 et la tentative s’arrêta

[15] Sur cette forêt voir le site internet «r.aufanforêtusagère@free.fr »

[16] ADG 11 L 216

[17] ADG 7 M 586 Etat des bois communaux An 10

[18] Cadastre de 1827

[19] En 1780/89, d’après les contrats de mariage

[20] ADG notaire Mathieu 11.10.1806

[21] ADG C 307 lettre du 12 janvier 1781 au sujet de la culture des « patates »

[22]  Guillaume Desbiey « Mémoire sur la meilleure manière de tirer parti des Landes de Bordeaux quant à la culture et à la population »

[23] ADG 3E 20907

[24] Collection des divers titres qui servent de fondement aux usages. Bordeaux, chez Durand, imprimeur de la préfecture.

[25] ADG 3E13134 (1742) et 3E30911 (1743)

[26] Archives nationales B III 173, Cahier de Doléances de Salles. 1789, les « coyalas ou cujulas » sont des parcs à bestiaux avec parfois une cabane pour le berger.

[27] ADG 3E 1379

[28] C’est en 1736 que Civrac échangea avec Jean Baptiste de Ruat, la seigneurie du Teich contre celle d’Audenge.

[29] ADG 3E 21539 du 15 mars 1736

[30] ADG C 1269

[31] ADG C 291

[32] Le mot vient du verbe latin pigneror, prendre en gage. Dans le droit romain, le créancier pouvait, de sa propre autorité, se saisir des biens de son débiteur.

[33] ADG 2E 25161, notaire Soulié ; acte capitulaire passé au devant de l’église de La Teste le 7 mai1776.

[34] R. Delage: « Du droit d’usage dans la forêt usagère de La Teste» Cadoret, Bordeaux, 1902.

[35] ADG C 3672, lettre à Tourny

[36] ADG C 3672

[37] ADG C 3672, 78 juin 1760

[38] ADG C 3672

[39] La dîme est due au clergé et perçue en nature, à La Teste, elle correspond à 1/11° des gerbes de blé, 1/6° du millet, du vin et du bétail. Le franc fief est la taxe que doit payer un roturier possesseur d’un bien noble et le denier est un impôt sur les mutations de propriété.

[40] Lettre au Contrôleur Général Trudaine 1762

[41] ADG C1328

[42] Lettre à Choiseul d’avril 1765

[43] DG C3671

[44] La taille royale était un impôt direct sur les revenus estimés ou sur la tenure. Le montant annuel, fixé par le roi était très inégalement réparti entre les différentes parties du territoire. Nobles et clercs étaient exemptés. Seuls les roturiers la payaient. La capitation était un impôt par tête, payé par tous, sauf le clergé dispensé depuis 1701 contre un don à la couronne.

[45] Le vingtième équivalait à la vingtième partie du revenu ; les insinuations étaient des taxes  sur l’enregistrement des actes.

[46] Le baron Louis Roger Charlevoix de Villers, Ingénieur en chef de la marine et des colonies, est chargé  d’étudier la création d’un port miliaire dans le bassin et d’un canal le reliant à   l’Adour. En conflit avec son adjoint Clavaux et l’Intendant Boutin, il quitta La Teste pour Paris puis Saint Domingue vers 1783

[47] ADG C 1951

[48] ADG 7M 640

[49] ADG 6 M 1338/39 : enquête auprès des Maires

[50] ADG 7 M 140 Direction du Cadastre état du 5 avril 1843 rectifiant une estimation préfectorale du 1 avril.

[51] Cadastres dits « impériaux » archives municipales.

[52] Chambrelent : «L es landes de Gascogne »1877

[53] ADG 6 M 1405 Cadastres de 1852

[54] ADG 7 M 640 Recensement des landes, réponse à une circulaire du 16 janvier 1819

[55] ADG II L 216 Réponse des Maires 1 germinal An 7

[56] ADG 7 M 640

[57] Pour Beliet et le Porge, les chiffres de 1843 sont ceux du 1 avril, ce sont donc des estimations.

[58] Les seuls « gros » propriétaires sont Fleury (70) et Condou de Biscarrosse (40)

[59] Pour le reste, 6 propriétaires ont des parcelles de10 à 16 hectares un de 57.

[60] Ce chiffre comprend ce qui appartient à la commune de Biganos (271° ainsi que les communaux des habitants de Tagon (247), du Vignau ((257) et des Argenteyres (103)

[61] Pour le reste 4 propriétaires ont entre 15 et 75 hectares : les Laville (73+55), Hazera de Salles (56) et la Veuve Viardot de Bordeaux (15).

[62] Ces chiffres sont tirés du cadastre du 15 décembre 1827

[63] Cadastre du 20 janvier 1843.

[64] ADG 6 M 1405

[65] Chiffres tirés du cadastre de 1827

[66] A Andernos comme à Ares ce sont les cadastres d’après la séparation de 1851.

[67] ADG Pour Salles, le relevé est daté du 20 juin 1844, pour Mios, il s’agit du « cadastre impérial » mais il n’est pas daté.

[68] ADG 7 M 641

[69] Chambrelent, (1817-1893), propriétaire du domaine de Saint Alban, à Cestas, il y expérimenta ses procédés de drainage de la lande. Auteur en 1887 d’un ouvrage sur « les Landes de Gascogne, leur assainissement, leur mise en culture et les débouchés de leurs produits », il fut Ingénieur en chef du Service Hydraulique de la Gironde. Un monument, élevé en 1907 à Pierroton, lui rend hommage bien que son rôle ait été parfois contesté

[70] L’instituteur Seurin (Monographie de la commune du Porge pour l’Exposition Universelle de 1899- manuscrit) indique 3 ventes successives en 1855 (352),1862(1214) et 1868 (655° ce qui donnerait 2221 hectares de landes vendues aux habitants, le reste « ayant été ensemencé pour le compte de la commune sauf une zone de 200  à 1000 mètres de large, faisant le tour des propriétés privées et mesurant 30 kilomètres de développement qui a été laissée pour le parcours des bestiaux »

[71] ADG 7M 643 document de 1866.